Réalisé en partenariat avec Flat6 Magazine
S'abonner
Pour les équipes Porsche, le projet 901 était censé être une amélioration de la 356 de l’époque (la série C), pas une nouvelle gamme. L’idée du 6 cylindres était là dès la 356 mais l’histoire est en marche et cette 356 laissera la place à une 911 initialement déroutante pour la clientèle. C’est qu’elle est presque 30% plus chère que la 356 qu’elle remplace. Du coup, Porsche propose rapidement une «911 light» en logeant le 1600 cm3 de la 356 SC dans une carrosserie de 911. La 912 est née. Le moteur est travaillé pour plus de souplesse et à 90 ch, il perd même 5 ch par rapport à la version 356. Le châssis est celui de la 911, mais la boîte d’origine est à 4 rapports (boîte 5 en option). Commercialisée en avril 65, la 912 n’a donc que très peu existée sur le millésime 65. Le suivant (à partir du 1er juillet 1965) représente la première vraie année de l’auto. Pour le millésime 67, la 912 hérite de la version Targa (comme la 911). La 912 disparaît du catalogue en Europe dès 1968, avec l’arrivée de la 911 T placée en entrée de gamme. La T n’étant pas importée aux USA, la 912 y poursuit sa carrière sur le millésime 69. Les dernières auront donc droit à la caisse avec empattement rallongé proposée sur les dernières 911 2.0. La 912 fut ressuscitée le temps du millésime 76 et 2099 exemplaires, sous le nom de 912 E (donc à injection). Cette version est équipée du bloc 4 cylindres 2 litres de la 914, modifié et sortant les mêmes 90 ch que les précédentes «vraies» 912. La 912 E recevait d’office une boîte 5 rapports
La 912 est globalement une 911 jusqu’au moment où on tourne la clef de contact. Là, on entend un moteur de 356, c’est à dire une sonorité de Coccinelle, ce qui peut à prime abord perturber. La 912 est incontestablement une voiture hybride, sorte de chainon manquant entre la 356 et la 911. Pour l’aimer, il faut apprécier le décalé, le non conformisme. A conduire, les «spécificités» des premières 911 sont bien là. Des sièges qui manquent de maintient, une direction floue en son point milieu… à l’attaque d’un virage, il ne faut pas hésiter à donner un coup de volant précis tout en sachant qu’il y aura un temps de réponse. Ensuite, attention à bien «poser» la 912 sur sa trajectoire avec l’accélérateur. Dès que le mode d’emploi est assimilé, cela se révèle très amusant et les petites routes sont approchées avec régal. Les freins sont amplement suffisants et la boîte 4 est très facile à utiliser. Le guidage est précis (toujours avec le bémol que l’auto soit bien réglée et révisée) et le talon-pointe tout à fait possible. Comme la 912 pèse une centaine de kilos de moins que la 911 grâce à son petit moteur, sa répartition des masses est plus favorable. Mais qui dit petit moteur dit forcément puissance contenue et au volant de la 912, le rythme ne pourra qu’être celui de la balade. Soutenue, certes, mais balade quand même. Précisons néanmoins qu’une 912 était donnée pour un bon 190 km/h en pointe. Elle n’est donc pas inadaptée à nos conditions de roulage actuelles. En fait, conduire une 912 c’est un peu comme de se retrouver à bord d’une 356 améliorée. Il y a pire comme compliment !
A la difficulté générale de trouver des voitures de plus de 40 ans, la 912 ajoute un autre challenge : celui d’en trouver une d’origine. Modèle bas de gamme par excellence, la 912 n’était pas aussi bien équipée d’origine que la 911. Mais le catalogue des options permettait de se rattraper, à l’image des 5 compteurs souvent cochés par l’acheteur. Par les temps qui courent, on peut préférer avoir une 912 vraiment équipée comme telle, avec les 3 compteurs (comme le tableau de bord d’une 356, soit dit en passant). Mais il faudra soit la trouver, soit la remettre dans cet état à ses propres frais. La 912 a connue une production assez important avec 30 895 exemplaires. Paradoxalement, elle se révèle aujourd’hui très difficile à trouver. Peut être que, comme «911 du pauvre», les 912 ont-elles été moins soignées au fil des ans… N’espérez pas pour autant avoir moins de frais sur une 912 aujourd’hui. Les pièces de carrosserie sont au prix de celles des 911. Les pièces moteur sont au tarif des 356. Cher dans les deux cas donc ! Compte tenu de tous ces éléments, l’acheteur d’une 912 se montrera donc particulièrement vigilant à l’état de la mécanique et de la caisse, la rouille étant ici un ennemi coriace